Quels sont les bienfaits du toucher observés chez les bébés ?
Rappelons que le toucher englobe autant les caresses, les bisous, les câlins, les contacts peau à peau mais aussi les massages, qu’ils soient réalisés nus ou habillés. Il permet la libération d’ocytocine par l’hypothalamus, que l’on nomme hormone de l’amour, qui favorise la relaxation, le développement du lien d’attachement ainsi que la montée de lait.
Ainsi, au cours des premiers mois, les liens affectifs de l’enfant se développent notamment par le toucher émotionnel. C’est pour cela que de nombreuses femmes à travers le monde portent leur bébé, que ce soit à bras, dans une écharpe ou un porte bébé, massent leur enfant ou encore pratiquent le cododo dans la même pièce. En France, de plus en plus d’ateliers sont proposés aux jeunes parents afin de favoriser ce contact avec leur bébé : des ateliers de portage, de massage bébé, mais également des bains Thalasso pour bébé au cours desquels bébé est emmailloté dans un lange dans l’eau et revit certaines sensations qu’il vivait in utéro, grâce au contact de l’eau.
Mais le toucher est également promu lors des temps de soins : habiller bébé, donner son bain, changer sa couche, le nourrir (au sein ou au biberon). Tous ces moments vécus au quotidien procurent un sentiment de sécurité au bébé en étant en contact direct avec son parent et en communiquant avec lui à travers le toucher, mais aussi les regards, les expressions du visage, les émotions, etc.
Le toucher est donc bénéfique tout au long de la vie, mais particulièrement lors de la petite enfance afin de favoriser un lien d’attachement sécure avec les parents et autres figures d’attachement. John Bowlby (1907-1990), psychiatre britannique, décrit un attachement sécure lorsque le parent répond régulièrement aux besoins de son enfant et que celui-ci se sent donc en sécurité. L’enfant sait qu’il peut trouver du réconfort auprès de lui, ce qui lui permet plus tard d’explorer plus facilement l’environnement qui l’entoure. Le toucher sain et nourrissant, comme l’appelle Vimala McClure, diminue le stress et l’anxiété du bébé car ses besoins sont répondus rapidement. Il a un effet positif sur la croissance de bébé, sur son rythme cardiaque et son système immunitaire.
Prenons l’exemple du massage pour bébé. Pour Vimala McClure, il ne s’agit pas uniquement des mouvements techniques du massage, mais également de tout l’accompagnement émotionnel que le parent propose à son enfant. En effet, il lui demande la permission pour le masser, il écoute et observe tout signe que son enfant lui communique au début du massage, mais également tout du long. Ainsi, le massage favorise l’interaction entre le parent et son bébé, mais peut également stimuler ou relaxer bébé, tout dépendamment du rythme du massage et de la pression des mouvements (ex : pour une relaxation, on va privilégier des mouvements lents et fermes). Et finalement, le massage peut soulager bébé de certains maux du quotidien comme les coliques, les gaz, la constipation, mais également les congestions nasales. Le massage favorise donc le système immunitaire de bébé.
Le toucher réconforte, rassure et augmente l’estime de soi de bébé tout en le sécurisant.
Et qu’en est-il des bienfaits chez les bébés prématurés ?
A la naissance, certains bébés nés prématurément sont directement transférés en unités de soins intensifs, pour leur santé voire leur survie, sans même avoir de contact physique avec leurs parents. Pour les parents, c’est un déchirement de savoir qu’ils ne pourront pas prendre tout de suite leur bébé dans les bras et qu’ils le verront pour la première fois dans une couveuse (incubateur) entouré de fils. Avec les connaissances actuelles sur l’importance du toucher mais aussi du contact sensoriel du bébé prématuré avec ses parents, de plus en plus de maternités créent des Unités mère-bébé, aussi appelées Unité kangourou, afin de pouvoir accueillir les mères et leur bébé dans une même chambre. Cependant, cela n’est pas toujours possible pour les mamans qui parfois habitent loin de la maternité et/ou ont d’autres impératifs familiaux. Quoi qu’il en soit, il est important que les parents puissent être auprès de leur bébé, dans la mesure du possible. En effet, le contact physique avec son bébé a des effets bénéfiques pour lui comme nous l’avons vu précédemment, et d’autant plus s’il est né trop tôt.
Le peau à peau est particulièrement recommandé pour ces bébés nés trop tôt, que ce soit avec la maman ou l’autre parent, dès que leur santé est stable. On parle de stabilité lorsque le bébé tolère qu’on le manipule pour le sortir de la couveuse sans que soit enregistré une variation dans son oxygène sanguin et dans sa fréquence cardiaque. Le peau à peau, aussi appelé méthode Mère kangourou (MMK) a été développé dans un hôpital à Bogota, en Colombie en 1978. Des incubateurs n’étaient alors pas toujours disponibles faute de moyens financiers et beaucoup de bébés y naissaient prématurément ou avec un petit poids de naissance. Bébé est alors placé uniquement avec une couche sur le torse nu de son parent, puis recouvert d’une couverture. Les sessions se déroulent sur au moins une heure afin que l’état de l’enfant se stabilise une fois le portage débuté. Ce peau à peau permet au bébé de bénéficier du système de thermorégulation de l’adulte car le sien n’est pas encore au point. Il est maintenant proposé au bébé naît à terme comme nous l’avons vu précédemment.
Dès la 24ème semaine de gestation, les récepteurs sensoriels sont parfaitement développés. A sa naissance, le bébé ne peut pas verbaliser sa douleur, mais elle est observée par des changements de certains paramètres physiologiques, comme son oxygénation ou sa fréquence cardiaque. Par ailleurs, chez les bébés prématurés, certains types de toucher peuvent être désagréables car ils sont associés à des touchers invasifs (prise de sang, intubation). Il est alors bien important d’observer les réactions du bébé lorsqu’on le touche. Un toucher léger et affectueux aurait des effets positifs, tout comme le bercement.
Finalement, dans les unités de néonatalogie, un toucher thérapeutique est utilisé comme méthode de retour au calme. Il s’agit d’un toucher englobant par lequel l’adulte dépose une ou deux mains sur le bébé lui permettant de se sentir contenu et lui rappelant les parois utérines dans sa vie intra-utérine. Des massages peuvent également être proposés au bébé ayant un état de santé stable et généralement ayant plus de 32 semaines. Des bénéfices sont d’ailleurs observés comme une diminution du rythme cardiaque et des mouvements de stress ainsi qu’une augmentation de la durée du sommeil profond et une augmentation du gain de poids.
Le toucher a donc une place primordiale au sein des unités de néonatalogie pour favoriser la croissance et l’amélioration de la santé des bébés.
Des bienfaits pour les enfants OUI, mais pour les parents alors ?
Nous avons pu observer que le toucher était particulièrement bénéfique pendant la grossesse et pour les enfants, qu’ils soient nés à terme ou prématurément. Mais ce contact physique est-il bénéfique pour le parent ? Bien entendu ! Le parent, en prenant soin de son bébé, apprend à le connaître, à comprendre et à répondre de plus en plus précisément et rapidement à ses besoins. Il augmente donc ses compétences parentales et par le fait même sa confiance en lui et son estime de soi. Une diminution du stress est également observée permettant ainsi de vivre une période de post-partum plus sereinement, que ce soit pour la maman ou l’autre parent.
Le toucher participe également au processus d’attachement comme nous l’avons vu. Même si la maman est plus souvent en contact avec bébé, le papa ou l’autre parent peut également prendre sa place en participant aux soins, en portant bébé et/ou en le massant afin de faciliter ce processus d’attachement.
Conclusion :
Le toucher, un de nos 5 sens est d’une importance cruciale lors de la petite enfance que ce soit pour le bébé ou ses parents. Il est interrelié aux quatre autres sens afin de favoriser cette intimité entre eux. Il ne s’agit pas d’un toucher mécanique, mais d’un toucher émotionnel englobant tout un accompagnement des besoins de bébé par le parent.
Le toucher reste un sens privilégié tout au long de la vie. En effet, lors de sa tendre enfance, l’enfant met tout à la bouche, il découvre son environnement par le toucher en apprenant ce qui est agréable pour lui et ce qui est désagréable voir dangereux : les textures, les températures, les formes, les sensations, etc. Maria Montessori insiste d’ailleurs sur le développement de l’intelligence par la main et elle développe l’existence d’un sixième sens, le sens stéréognostique, qui est le fait de reconnaître un objet en le touchant mais également en le palpant, le mouvement s’ajoute donc au toucher. Puis, le toucher conserve son importance lors des amitiés, mais aussi des relations amoureuses et auprès de nos animaux de compagnie. D’ailleurs, chez les personnes âgées, le contact avec un animal, comme le chien, améliore leur santé. Les contacts physiques sont diminués et en leur permettant de caresser l’animal, cela valorise leur compétence et peut même raviver des souvenirs et faire baisser leur tension artérielle.
Alors en cette période de pandémie mondiale, n’oublions pas l’importance du toucher !
Ne nous empêchons pas de câliner, de faire des bisous, de porter, de masser nos enfants ! Ils ont encore plus besoin de ressentir cette sécurité affective au sein de la famille. Expliquons-leur les raisons de la distanciation sociale dans l’environnement public et auprès de leurs grands parents par exemple. Mais, continuez à les « toucher », les enfants ont besoin de contacts affectueux !
Bibliographie :
Brazelton T.Berry. Points Forts : tome 1, de la naissance à 3 ans. Editions Le Livre de Poche, 2019.
Charpak N. Bébés kangourous : materner autrement. Editions Odile Jacob, 2005.
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Leboyer F. Shantala : un art traditionnel, le massage des enfants. Editions du Seuil, 2018.
Liedloff J. Le concept du continuum : la recherche du bonheur perdu. Editions Ambre, 2006.
Montessori M. Pédagogie Scientifique : tome 1, la maison des enfants. Editions Desclée de Brouwer, 2015.
McClure V. Le massage des bébés. Editions Tchou, 2006.
Milette I., Martel M-J., Ribeiro da Silva M. Les soins du développement : assurer la neuroprotection des nouveau-nés. Editions du CHU Sainte-Justine. 2019
Montagu A. La peau et le toucher : un premier langage. Editions du Seuil, 2014.
Uvnas Moberg K. Ocytocine : l’hormone de l’amour. Editions Le Souffle d’Or, 2015.
Zaouche Gaudron C. A fleur de peau. Editions Erès, Spirale n°89, avril 2019.
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